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La diplomatie pétrolière de la Chine
  


Ces derniers mois, Pékin s'est lancé dans une série d'initiatives destinées à garantir des sources d'approvisionnement à long terme de matières premières dans l'une des régions de la planète la plus subventionnée — l'Afrique sub-saharienne. Aucune autre matière première que le pétrole ne revêt aujourd'hui pour Pékin une plus grande priorité.

La Chine tire environ 30% de son pétrole brut de l'Afrique. Voilà pourquoi les Chinois se sont lancés dans une série extraordinaire d'initiatives diplomatiques qui ont rendu les Américains furieux. La Chine se sert de crédits en dollars sans conditions pour obtenir l'accès à la vaste richesse en matières premières de l'Afrique, laissant sur le carreau le jeu de contrôle habituel des Américains, qu'ils exercent à travers la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Qui a besoin des remèdes douloureux du FMI lorsque la Chine offre des conditions avantageuses et construit, par-dessus le marché, des routes et des écoles ?

En novembre dernier, Pékin a accueilli un sommet extraordinaire de 40 chefs d'Etat africains. Les Chinois ont littéralement déroulé le tapis rouge pour les dirigeants, entre autres, de l'Algérie, du Nigeria, du Mali, de l'Angola, de la République Centrafricaine, de la Zambie et de l'Afrique du Sud.

La Chine vient juste de passer un accord pétrolier qui la lie avec deux des plus grands pays du continent, le Nigeria et l'Afrique du Sud. La China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) extraira du pétrole au Nigeria, à travers d'un consortium incluant aussi la South African Petroleum Co. Cela donnera accès à la Chine à ce qui pourrait s'élever à 175.000 barils par jour d'ici 2008. Un accord à 2,27 milliards de dollars donne à la CNOOC, compagnie d'Etat, 45% d'un vaste champ de pétrole au large du Nigeria. Auparavant, Washington considérait le Nigeria comme un actif des majors pétrolières anglo-américaines, ExxonMobil, Shell et Chevron.

La Chine a été généreuse dans sa distribution de prêts avantageux sans intérêts ou de subventions pures et simples à quelques-uns des Etats débiteurs les plus pauvres d'Afrique. Ces prêts sont allés dans les infrastructures, y compris autoroutes, hôpitaux et écoles — contraste saisissant avec les exigences austères et brutales du FMI et de la Banque Mondiale. En 2006, la Chine a engagé plus de 8 milliards de dollars au Nigeria, en Angola et au Mozambique, contre 2,3 milliards de dollars à toute l'Afrique sub-saharienne pour la Banque Mondiale. Le Ghana est en train de négocier un prêt chinois de 1,2 milliards de dollars pour son électrification. Contrairement à la Banque Mondiale — arme de fait de la politique économique étrangère des Etats-Unis — la Chine n'attache aucune condition à ses prêts.

Cette diplomatie chinoise liée au pétrole a conduit Washington à accuser bizarrement Pékin d'essayer de "garantir le pétrole à la source", une chose dont s'est préoccupée pendant au moins un siècle la politique étrangère américaine. Aucune autre source de pétrole n'a été plus au centre du conflit pétrolier sino-américain, ces derniers temps, que le Soudan, la patrie du Darfour.

Source : Asia Times Online Ltd, traduction : JFG/QuestionsCritiques

Tag(s) : #Dossier du mois
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