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Tu as certainement déja croisé le regard d'un frere ou d'une soeur qui disait tant de désesperance, en silence, derriere des "al-hamdu-li-llah" pudiques. Tu as ressenti un malaise, comme si ces yeux evoquaient une autre réalité que les mots. Tu as eu envie de t'approcher, de tendre la main, d'offrir une ecoute, une parole reconfortante, mais tu as tourné mille fois ta langue dans ta bouche et rien ne s'est passé.

Quand tu y repenses parfois, tu le regrettes.Tu regrettes de n'avoir pas écouté ton coeur tout simplement, de n'avoir pas été jusqu'au bout de ton premier élan généreux.

Il est si difficile d'oser aller vers celui qui souffre avec dignité, mais qui souvent n'attend qu'une main pour s'agripper, pour ne plus glisser ou s'enfoncer dans ce sombre abime. Comment trouver la distance qui respecte l'autre sans pour autant l'abandonner ?

Sans doute faut il un peu de courage, mais il faut surtout beaucoup d'amour et d'empathie. Aller vers ton frere, vers ta soeur, c'est t'oublier un peu toi meme, c'est recevoir et surtout, surtout, ne pas juger.

Non, les blessures de l'ame ne sont pas le signe d'un manque de foi ! Et c'est d'ailleurs bien souvent que grace à la foi, comme ultime rempart, que certaines personnes restent debout, desespérées mais vivantes, en souffrance mais lucides, dans la douleur, mais remerciant Dieu.

Celui qui se repose sur toi, ne serait-ce qu'un instant, qui te glisse une confidence, un morceau de vie... celui-la mérite, par la confiance qu'il ta offerte, le plus grand des respects. Il doit te rappeler que personne n'est jamais à l'abri d'une epreuve, et la souffrance d'un etre devrait t'amener à remercier Dieu pour ce que tu as et non à condamner l'autre pour ce que tu crois qu'il n'a pas.

Un etre qui sombre dans le desespoir est comme écorché vif, et la moindre des blessures laissera des cicatrices bien difficiles à effacer. Se sentir jugé est insupportable.

Il est vrai qu'essayer de soulager un etre qui souffre nous met face à nos propres limites, face à notre capacité à porter la douleur, dans l humilité. Chacun semble devoir trouver seul les clefs de son équilibre ; mais trouver sur le chemin une personne de coeur qui, par une simple attention, si petite soit elle, essaie d'accompagner, de tout simplement faire le bien... C'est une pause dans le combat, c'est une facon de retrouver un peu de force, d'énergie.

Cher frere, chere soeur, notre fraternité est exigeante et j'aimerais t'exprimer une esperance ; si tu croises, un jour, un regard plein de tristesse... puisses-tu te rappeler la misericorde de Dieu et t'arreter. A proximité de cette souffrance, il n'y a pas de temps à perdre, uniquement de l'amour à donner, à gagner. Avec Dieu, pour notre humanité.

Quelques lettre du coeur, Page 70,71 - Tariq Ramadan

Tag(s) : #je bouquine ...
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