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J’ai toujours voulu comprendre la logique derrière le port journalier d’une blouse qui tend à jaunir et dont l’étiquette n’arrête pas de se déchiqueter avec le temps, juste parce qu’elle prouve que le Médecin en question a passé quelques mois de sa formation en France, deux ans au grand maximum … dire subtilement que voilà, j’étais dans un tel centre européen, grâce à la plaque sur la poche supérieur gauche, pour se distinguer des autochtones et démontrer imbécilement une supériorité scientifique qui se cache derrière un complexe d’infériorité manifeste par rapport à tout ce qui provient de l’autre rive … au-delà de Gibraltar.

Il y a aussi des collègues qui sont parfois de grands professeurs agrées, qui ne se lassent pas de nous bourrer les oreilles avec les mêmes histoires débiles qui commencent toujours par le fameux « Quand j’étais interne à Paris », « Lyon », « Montpellier » ou « En France tout court - pour ceux qui ont été relégués dans des hôpitaux régionaux et n’osent pas citer les noms de ces endroits inconnus ».

Ces histoires racontent habituellement des aventures de notre héros avec le racisme, à la fin desquelles il s’en sort vainqueur parce qu’il a prouvé au staff médical qu’il n’est pas comme « Les autres » … ou bien des aventures charnelles avec les dizaines de blondes qu’il a pu conquérir facilement au cours de son année du savoir, grâce bien sûr à son charme irrésistible qui tire son origine de sa morphologie arabe, sa virilité africaine, son humour marocain et sa dialectique occidentale, et parce qu’il y a un dicton très populaire qui dit que « la France est pour les français et les françaises sont pour les arabes », tout le monde y croit … et puis vient après la confiance dont il a joui auprès de ses professeurs français grâce à son intelligence et son travail … il y a une rumeur très populaire qui dit aussi que « les marocains sont le peuple le plus intelligent au monde » et une autre qui dit que « si les marocains veulent travailler, alors il n’y a personne au monde qui puisse faire mieux ». Peut-être est-ce pour cette raison que nos fonctionnaires se sont mis d’accord pour ne pas se fatiguer au travail ; pour être sur un même pied d’égalité avec les autres nations, sinon on devancera largement les Etats-Unis et la Chine.

Bref, on ne verra presque jamais ce prototype de scientifiques répandre les savoirs qu’il a appris ailleurs comme il répand ses souvenirs imaginaires et ses succès illusoires. Pire encore, on constate actuellement un phénomène de momification des techniques et informations dans la boite crânienne de chacun pour préserver renommée et clientèle, faisant que la lignée suivante doive perdre du temps, quitter le pays, sympathiser avec Jacques et Jean pour assimiler la complexité d’un procédé ou comprendre la cartographie générale et l’abécédaire élémentaire de chaque domaine d’où proviennent les détails et les petites ruelles où on était perdu auparavant.

On n’a pas de quoi être fier pour avoir franchi le détroit de Gibraltar et trainé dans les couloirs des plus grands hôpitaux européens. Bien au contraire, pour cette communauté qui, par le passé, a illuminé le monde depuis Bagdad, Damas, Istanbul, Cordoba et Fès, c’est une humiliation que de se trouver obligé de faire la queue devant les consulats européens pour avoir l’autorisation de s’expatrier pour apprendre. Tout cela parce que sa communauté est divisée, sous-développée, pauvre et opprimée ; ses dirigeants avides de pouvoir et d’argent, ne se souciant nullement des droits les plus rudimentaires de ceux qu’ils dirigent.

C’est encore plus humiliant de glorifier le colon qui nous a enchainés à travers ses pions enracinés dans le pays, dans un système éducatif schizophrène qui commence en Arabe et se termine en français, qui nous oblige – à travers ces pions - à apprendre une langue, bien que raffinée sur le plan poétique et littéraire, reste un fardeau sur le dos de celui qui veut s’approprier une identité linguistique et entrer en compétition scientifique et économique avec les superpuissances mondiales : les Etas-Unis, le Japon, la Chine, l’Allemagne, la France, la Grande Bretagne, l’Italie, Le Canada, l’Espagne et la Corée du sud . Ces dix premières (en terme de PIB) superpuissances ont chacune sa langue, son identité, son idéologie politique (impérialiste pour l’une, totalitariste ou libérale pour d’autres), un marché économique, une structure sociale et des ambitions progressistes et visionnaires

Nous sommes probablement le peuple qui parle le plus de langues sans les avoir vraiment apprises, parce qu’on est déjà arabes - avec une option pour parler amazigh pour les Chlouh – on a été colonisé par deux pays à la fois, donc on parle français et espagnol – ce dernier s’enseignait à travers les matchs de la ligua avant l’arrivée du théâtralisme footballistique des commentateurs d’Aljazeera ; on a quelques notions d’allemand et d’italien à travers les chaines allemandes et italiennes qui, jadis, occupaient 70 % des chaines paraboliques, la Bundesliga et el Calcio ; du polonais pour les vicieux d’autrefois … et bien sur l’anglais qui commence à prendre le dessus sur le français, sans compter la Darija que les occidentaux prennent pour de l’Arabe et que les Orientaux prennent pour du français. Cela reste quand même « dak stoune li makiye9der yehder’ha ghire lemgharba, m7ite lougha fechkeeel, panaché dial loughate, Trebbina biha w Kberna M3aha wakha daba wellate tta ddarija katleflina 7ite wella dakhel fiha nchati m3ak w nwizzi 3lik w ntagik w n’ajoutik w ngooglik w ssat w rra9 w bba9» … une panoplie de langues qui, du reste, ne sont parlées que par la moitié de la population, l’autre ne sachant ni lire, ni écrire : elle est, pourrait-on dire, verbalement identique à la plupart des américains qui ne parlent qu’une seule langue …

La diversité linguistique du Maroc est une richesse culturelle et une caractéristique sociale de ce pays unique en son genre, mais elle ne peut être véritablement effective dans le maintien de l’équilibre identitaire du peuple que lorsqu’elle est profondément étudiée et balisée par l’institution culturelle dans le cadre d’une vision identitaire globale. Sinon, l’évolution anarchique et les préoccupations impondérables et futiles des gardiens de la culture au Maroc vont se retrouver face à un enracinement et une acculturation du peuple par le phénomène de la mondialisation, ou face à une guerre ethnique avec la montée instrumentalisée des mouvements « Amazighs » dans le pays …

Il est temps qu’on sache que pour sauver ce qui peut être sauvé, et rattraper les années-lumière de retard dans lequel nous baignons imbécilement, on doit rompre le cercle vicieux, et que chacun partage son savoir avec autrui même s’il a couté des années d’efforts et même s’il peut élargir le cercle de la concurrence professionnelle, parce qu’on rend grâce à Dieu de nous avoir illuminé, en propageant cette lumière autour de nous.

Il est aussi temps qu’on oublie nos appartenances raciales et que l’on se libère de la prédisposition psychologique à la colonisation qui nous laisse émerveillés devant tout ce qui est occidental … le temps de la colonisation est révolu … le temps des divisions est éteint … il est temps de sauver du naufrage ce navire qui nous réunit tous, sous le drapeau de l’Islam et les voiles de notre cher pays.
Tag(s) : #L'école du voyage
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