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" L'homme, dans nos sociétés occidentales depuis la renaissance est voué à la solitude, à l'isolement à l'égard des autres hommes, par un individualisme qui n'a cessé de s'exaspérer, de l'age des "conquistadores" à la décadence ultime des "foules solitaires", par l'extension des concurrences sauvages de l'économie du marché, l'écrasement des plus démunis par les moins scrupuleux, les techniques de la convoitise dont l'expression la plus brutale se trouve dans la publicité et le "marketing", greffant des besoins artificiels, comme de véritables prothèses du désir égoïste. Ce système engendre nécessairement la violence, notamment chez les jeunes, frustrés d'objets qu'on leur apprend à désirer et que les plus favorisés, les héritiers de la richesse ou du savoir, s'approprient par la spéculation ou la fraude ...  

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclamait que "ma liberté s'arrête là où commence la liberté d'autrui". La liberté de l'autre est donc considérée comme la limite, et non pas comme la condition de ma propre liberté. La liberté est ainsi un cas particulier de la propriété "cadastrée" comme elle. Un tel individualisme prépare nécessairement la guerre de tous contre tous, jusqu'au moment où, par sa propre logique, il se transforme en son contraire. Le totalitarisme : un individu, identifié avec un groupe victorieux et en devenant le symbole, en métamorphose tous les autres en serviteurs de la "totalité" mythique de l'Etat, du parti, de la nation ou de la classe.
Nos sociétés occidentales (et celles qui dans le tiers-monde ont été façonnées à leur image ou qui les imitent) ne cessent d'osciller, depuis quatre siècles, entre un individualisme de jungle et un totalitarisme de termitière.

Le christianisme, dans sa visée fondamentale et première, portait en lui le contrepoison de cet individualisme, par sa conception trinitaire de la personne, selon laquelle mon centre n'est pas en moi-même mais en l'autre et dans le tout autre. Mais, ayant accueilli dans une large mesure dans les perversions grecques du dualisme, jusqu'à interpréter , dans un esprit de résignation, l'opposition de dieu et de césar ( qui était, en son principe, une contestation radicale des prétentions totalitaires de césar) comme un dualisme de la foi et de la politique , il laissait à césar, depuis Constantin, plein pouvoir sur la vie politique et sociale, l'aidant même dans sa tache , car , par ce dualisme frileux, il faisait de la foi une affaire privée, n'ayant plus prise sur l'organisation de la cité. La politique est ainsi devenue autonome, portant en soi ses propres fins, sans rapport avec l'homme ni avec le divin.

L'islam, en refusant les faux dualismes de la politique et de la foi, en nous empêchant de confondre les rapports entre la politique et la foi (qui sont des rapports entre deux dimensions de l'homme) avec les rapports entre l'église et l'état (qui sont des rapports entre deux institutions historiques), en liant indissolublement transcendance et communauté, peut nous aider à revivifier le christianisme lui-même et à surmonter la crise de désintégration du tissu social ."


Pages 56,57 ; promesses de l'islam ; Roger Garaudy
Tag(s) : #je bouquine ...
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